Le champ de travail MUST de TIP, concernant les SDN de transport, permet aux CSP de contrôler l’automatisation du réseau
Six CSP (prestataires de services télécoms) de premier plan, Deutsche Telekom, MTN, Orange, Telefónica, Telia Company et Vodafone, ont uni leurs forces pour normaliser l’architecture SDN de transport ouvert et parvenir à une capacité de programmation du réseau indépendante du fournisseur. La diversité des normes SDN et des cadres d’automatisation qui prévaut a semé la confusion et ralenti les progrès de l’automatisation du réseau. Cette collaboration est par conséquent une étape importante. Les CSP prennent le contrôle du processus de normalisation, non seulement pour accélérer l’automatisation du réseau de transport, mais également pour se préparer au découpage du réseau 5G.
Les CSP collaborent dans le cadre du groupe de projet TIP OOPT (Telecom Infra Project Open Optical and Packet Transport) et ont lancé un nouveau champ de travail intitulé MUST (Mandatory Use Case Requirements for SDN for Transport). Le groupe créera des spécifications techniques pour les cas d’utilisation, en se concentrant sur des sujets clés comme la désagrégation partielle du réseau optique, la coordination IP et optique multicouche sur domaines multiples et le découpage du réseau. Il a déjà publié un livre blanc (Open Transport SDN Architecture Whitepaper), qui explique en détail l’initiative MUST.
Anil Rao est l’analyste principal en chef pour la recherche sur l’automatisation des réseaux et des services chez Analysys Mason et couvre un large éventail de sujets sur les systèmes opérationnels existants et nouveaux qui alimenteront les transformations numériques des opérateurs. Ses principaux domaines d’étude portent sur l’automatisation de la création de services, du dimensionnement et l’exploitation des services sur les réseaux NFV/SDN, la 5G, l’IoT et les clouds de périphérie ; l’utilisation de l’analyse, du ML (apprentissage automatique) et de l’IA (intelligence artificielle) pour accroître l’efficacité et l’agilité des opérations et les impératifs plus larges liés à l’automatisation des opérations et aux réseaux sans contact.
Des normes sectorielles fragmentées ont ralenti l’adoption à grande échelle du SDN de transport
Le secteur des télécommunications repose sur de normes qui permettent aux fournisseurs d’équipements réseau, aux éditeurs de logiciels, aux intégrateurs de systèmes et aux opérateurs réseau de créer et de commercialiser rapidement des produits et des services à l’échelle, d’éviter les problèmes d’interopérabilité et de réduire les risques liés au remplacement des fournisseurs. Toutefois, le secteur a progressé lentement en matière de normalisation de l’automatisation du SDN et du réseau de transport. Les organismes sectoriels, tels que l’IETF, le MEF, l’ONF et le TM Forum ont réalisé un travail considérable sur la définition de cadres, d’architectures de contrôle de réseau et de spécifications d’interface pour les réseaux de transport programmables compatibles SDN, mais ces efforts ont été en grande partie menés de manière indépendante et ont conduit à des normes fragmentées et à des mises en œuvre propriétaires.
Un groupe de six opérateurs de premier plan collaborent pour confronter et surmonter ce problème. De leurs efforts résulte le champ de travail MUST (Mandatory Use Case Requirements for SDN for Transport) au sein du groupe de travail TIP OOPT.
Le champ de travail MUST vise à harmoniser l’approche du secteur des télécommunications en matière de contrôle et d’automatisation des SDN de transport
Le champ de travail MUST repose sur les trois principes fondamentaux suivants :
- Établir une architecture de référence cible commune pour contrôler les SDN de transport. L’architecture cible se composera d’une hiérarchie de contrôleurs SDN. Chacun des domaines du réseau de transport (IP, optique et micro-onde) aura un contrôleur SDN multi-fournisseur spécifique au domaine. Un contrôleur SDN multi-domaine de couche supérieure fournira un niveau d’abstraction supérieur par rapport aux contrôleurs SDN multi-fournisseurs, permettant ainsi d’unifier la gestion multi-couche de tous les réseaux de transport. Le contrôleur multi-domaine communiquera avec les systèmes OSS (prise en charge opérationnelle) via des API ouvertes et normalisées afin de collecter les informations nécessaires à l’orchestration des services, à l’exécution et à la gestion unifiée des inventaires (cf. figure 1).
Figure 1 : Architecture de référence du SDN de transport utilisée par Telefónica
- Organiser le modèle données/service et les interfaces pertinentes. Les interfaces NBI (Northbound ou ascendantes) entre les contrôleurs SDN multi-fournisseurs et le contrôleur SDN multi-domaine seront basées sur le protocole RESTCONF. Les protocoles YANG et NETCONF seront utilisés pour les modèles de données. L’IETF développe la NBI pour les réseaux IP/MPLS, l’API de transport de l’ONF a été choisie pour le réseau optique et la normalisation de la NBI pour le réseau micro-onde est toujours en cours.
- Adopter une approche agile basée sur des cas d’utilisation pour rendre opérationnel le SDN de transport. Les CSP définiront et hiérarchiseront en permanence les cas d’utilisation pour les mettre en œuvre, ce qui leur permettra d’en dégager des bénéfices continus. Les spécifications techniques des cas d’utilisation (par exemple, pour les interfaces ascendantes et descendantes) deviendront également un élément central du cahier des charges d’un fournisseur (tel qu’un RFP) et du processus de développement de solutions, ce qui permettra aux CSP d’exiger des fournisseurs qu’ils se conforment à leur feuille de route.
Les principes, ainsi que les spécifications techniques des cas d’utilisation, fournissent la base sur laquelle les CSP, les organismes de normalisation et les fournisseurs peuvent travailler pour créer une architecture normalisée commune.
Telefónica utilise le cadre MUST comme composante de sa stratégie iFUSION pour automatiser ses réseaux de transport
Conformément au cadre MUST, Telefónica Germany a mis en œuvre une architecture de contrôleur SDN hiérarchique pour son réseau optique partiellement désagrégé, qui comprend des terminaux ouverts (OT) découplés et un système de ligne ouverte (OLS). La société a déployé la solution MDSO de Blue Planet en tant que contrôleur de réseau de transport défini par logiciel (SDTN) à équipementiers multiples afin de gérer le réseau optique multi-fournisseur. Le CSP a ainsi mis en œuvre cinq cas d’utilisation majeurs d’automatisation de réseau basés sur le cadre MUST : découverte automatisée du réseau, découverte de l’inventaire des terminaux ouverts, gestion de la topologie des services, gestion des services et gestion des alarmes.
Pour en savoir plus sur ce déploiement, consultez l’étude de cas réalisée par Analysys Mason : Telefónica Germany s’associe à Blue Planet pour exécuter sa stratégie de SDN de transport iFUSION
Le champ de travail MUST permet aux CSP de contrôler leur destin
La vaste diversité des normes SDN et des cadres d’automatisation a semé la confusion et ralenti les progrès de l’automatisation du réseau de transport. Elle a toutefois permis également aux CSP de tirer des leçons précieuses et d’acquérir une expérience de première main dans la création et la mise en exploitation des réseaux de transport par SDN. Les CSP doivent s’appuyer sur cette expérience et joindre leurs efforts pour accélérer le rythme d’automatisation du réseau, non seulement pour fournir des services de connectivité différenciés et agiles, mais également pour jeter les bases de la prise en charge de nouveaux services 5G, tels que les services d’entreprise par tranches de réseau.
La réussite des CSP dans leurs parcours d’automatisation dépend de leurs partenaires fournisseurs, mais ces fournisseurs ont besoin d’une orientation claire pour piloter leurs stratégies produit. La fragmentation sectorielle a contraint les fournisseurs à créer des produits conformes à une variété de normes et de spécifications, ce qui ralentit le rythme global de l’innovation. Dans le même temps, les fournisseurs ont développé des solutions propriétaires pour rester compétitifs et répondre aux demandes des CSP qui souhaitent poursuivre les mises en œuvre pour atteindre des objectifs commerciaux immédiats. Les CSP et les fournisseurs prennent conscience que ce n’est pas un moyen efficace de faire évoluer leur activité.
Le champ de travail MUST équilibre les besoins des CSP et des fournisseurs avec le potentiel de fournir tous les avantages de la normalisation. Toutefois, il faudra au préalable que les CSP et les fournisseurs prennent les bonnes mesures pour concrétiser cela. MUST permet aux CSP de contrôler fermement leurs stratégies d’automatisation du réseau de transport et d’accélérer le rythme de l’automatisation sans aucun compromis en termes de normes. Il donne également aux fournisseurs une certitude et une orientation claire pour qu’ils puissent allouer des ressources au développement de manière efficace afin d’innover plus rapidement et d’établir une activité rentable.